Les élèves de la classe défense du collège Herriot ont participé aux cérémonies du 8 mai pour rendre hommage aux personnes qui ont libéré l’Europe du nazisme et aux victimes de la seconde guerre mondiale. Ils ont effectué des dépôts de gerbes et lu le poème de Paul Eluard « Gabriel Péri ».
Gabriel Péri était un journaliste communiste apprécié des résistants. Il a été fusillé par les Allemands en 1941. Son exécution a pris une valeur symbolique : Gabriel Péri défendait la vie contre les fusils. Sa mort prend la valeur d’un martyr.
Eluard, dans ces trois strophes en vers libre sans rime, dénonce sa mort injuste et inacceptable.
Il insiste sur le pouvoir des mots pour perpétrer le souvenir et éveiller les consciences.
Gabriel Péri
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.
Paul Éluard,
Au rendez-vous allemand,
Paris, Éditions de Minuit, 1945